Il faut régulièrement aller s'assurer que le monde existe bel et bien. Et c'est d'autant plus vrai que l'on est abreuvé d'images rapportées par d'autres. L'Europe n'est rien, disait Ella Maillard de retour de voyage, en apercevant par la fenêtre de l'avion les lumières d'une ville occidentale. Cette assertion qui date du siècle passé est toujours aussi vraie.

J'ai eu besoin de voir que le monde demeurait irréductible. Le vérifier m'a pris six mois d'autostop à travers les Balkans et l'Europe en 2006. Puis deux de plus, à sillonner l'Ethiopie en 2007. Puis deux ans, entre 2009 et 2011, passés sur la route de la soie et sur celles d'Amérique du sud et d'Océanie.

Cette maladie est incurable, il semblerait. Elle est néanmoins à mes yeux la seule qui puisse nous amener à connaître - et à reconnaître - l'endroit d'où nous venons.

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Ces voyages me sont rendus à la fois plus nécessaires et plus intéressants, motivés qu'ils sont par la pratique du dessin qui amène les rencontres et révèle du sens de la vue toute l'intensité.